Nous sommes atteints...

et oui, on a contracté une drôle de maladie. Qui aurait dit que construire une maison pouvait déclencher un virus (parce qu'on est pas les seuls) ?

N'empêche à la lecture de ce texte, on sourit forcément parce qu'on se souvient d'un grand moment dans la cuisine des copains à concevoir la notre, encore mieux qu'avec le super logiciel Ikéa. Ou encore d'un défilé dans les WC d'un restaurant à Brest (où le carrelage était trop beau !). Oui, c'était vrai, on est atteints.

Pour preuve ces quelques photos inutiles (mais tellement magnifiques) :

Les premiers symptômes sont simples, dès qu'on sort, on mesure tout. Chez les amis, on mesure les pièces, on prend des photos, on s'intéresse à des détails autrefois insignifiant (hauteur des marches d'un escalier par exemple) puis on questionne tout son entourage. "17cm ou 18cm dans l'escalier ??" On déplace les chaises afin de faire les angles de ce que sera sa future chambre. Son roman de chevet n'est plus le dernier Arlequin mais la notice descriptive du constructeur, qu'on lit et relit comme si c'était du pain bénit... "Haaa chéri tu te rends compte on aura des parpaings XY !!"

On ne va plus au restaurant pour manger. On y va pour visiter les chiottes, afin de prendre des idées décos.. Même si on a pas envie de pisser !! Et après, on y envoie sa chère et tendre "Va voir, c'est super beau !! Y a des lumières au plafond"

Les enfants surpris découvrent nos talents de piètres dessinateurs avec nos plans et autres coupes en tout genre... Qui finissent en boule a la poubelle !!

Ensuite, on devient vite obsessionnel... On se dispute avec sa femme 20x pour savoir de quelle taille sera le carrelage... Pour choisir finalement quelque chose de complètement différent !! Le malade atteint de constructionnite est très borné et il est difficile de lui faire admettre ses erreurs. Les hommes sont les plus touchés, les femmes étant plus terre a terre "Mais enfin chéri, un garage de 150m2 chauffé pour ta bagnole c''est pas possible"

On a aussi tendance à mettre la charrue avant les boeufs... Dès le permis de construire accepté, les gens atteints de constructionnite aigue démarchent déjà des cuisinistes, cherchent la déco pour la salle de bains, choisissent le portail... Ils n'imaginent pas que leur maladie va durer au moins un an.

Le meilleur, c'est lorsque le chantier commence, les victimes sont reconnaissables à leur appareil photo, dernier cri, souvent acheté pour l'occasion. Tout y passe, même les engins de terrassement, le patient photographie TOUT ! En passant par le terrain complètement sans dessus dessous.. Symptome récurrent et significatif, le malade atteint de la constructionnite trouve que tout est beau, même des tas de parpaings. Il se pame devant comme si c'était de l'or et pose souvent devant, photographié par sa chère et tendre. On dit que certains ont été surpris en train de photographier les maçons durant leur pause caca...
Désormais, on ne part plus à la campagne le week end, on va se promener sur le chantier afin de récupérer 2 kilos de boue sous chaque chaussure. On se pâme devant la dalle qui a été enfin coulée (c'est la plus belle des dalles) et on se prélasse dans le vide sanitaire fraichement monté. Quel bonheur, ce vide sanitaire, vite on sort les bougies et on y organise un pique nique improvisé. "Mon dieu qu'on sera bien ici mon amour"

Au final, le patient atteint de cette maladie guérit après deux ans en moyenne.

(Extrait "forumconstruire.com")